« »Laure Adler : Pourquoi vous-êtes vous rendu avec votre beau scooter dans une clinique de Meudon ?
Raymond Depardon : « En fils de paysan pas trop informé à l’époque, pour moi il y avait deux personnes qui dominaient tout à cette époque-là (1959/1960) : le Général De Gaulle et Brigitte Bardot. Mais bien sûr, ils étaient difficiles à photographier. Pour le Général De Gaulle, c’étaient des photographes très expérimentés qui s’y collaient.
Mais j’avais déjà appris plusieurs choses : il fallait aller souvent aux Drugstore des Champs-Elysées pour regarder la presse étrangère pour s’en nourrir, se gaver des grands journaux, et des photos ». Un jour, je suis tombé sur un article : Jacques Charrier était hospitalisé dans une clinique de Meudon. C’était un jour férié, j’y suis allé seul. Brigitte Bardot est arrivée en voiture décapotable. Elle portait son fameux foulard à carreaux. J’ai pris quatre photos qui ont marché, même si l’une est un peu floue. Je l’ai eu de dos. On ne s’était même pas parlé. Je regrette un peu qu’on ne se soit pas dit bonjour. Elle n’était pas surprise de me voir d’ailleurs.
J’ai foncé à l’agence Dalmas. D’ailleurs ils étaient fou de rage car comme je n’étais pas encore intégré, que j’étais juste pigiste, il devait me donner 50% des ventes. Le cliché a été publié dans France Soir. Ça m’a valu d’être repéré. Je n’étais plus anonyme, j’étais celui qui avait photographié Brigitte Bardot. »
